A l’occasion du mois sans tabac, DNF en collaboration avec l’Alliance contre le tabac dans le cadre d’un financement par le Fonds de lutte contre les addictions, publie une série d’articles et de vidéos afin d’informer sur le processus de fabrication du tabac. Les produits du tabac, en plus de nuire à la santé humaine, ont un impact considérable sur l’environnement du début à la fin de sa chaine, de la production jusqu’à son état de déchet.
Finalement, si la pollution due au mégot est particulièrement connue du grand public, beaucoup ignorent encore les conséquences multiples de la culture du tabac.
Produire le tabac, un processus qui demande beaucoup de ressources.
La culture du tabac est au cœur de nombreuses discussions en raison de ses impacts sur l’environnement, la santé publique et les droits de l’homme.
Pour la culture du tabac, l’espèce Nicotiana tabacum prédomine. Cette variété est spécifiquement cultivée pour produire des feuilles riches en nicotine, destinées à la fabrication des cigarettes, des cigares et du tabac à pipe.
Parmi les types de tabac les plus courants, on retrouve le Virginia, réputé pour sa douceur et son goût sucré, le Burley, au profil plus robuste et à la combustion lente, ainsi que l’Oriental, connu pour son arôme subtil et ses propriétés idéales pour le mélange. Chacun de ces types de tabac est cultivé dans des régions spécifiques et sert à créer une gamme variée de produits du tabac.
La culture du tabac est étroitement liée aux conditions environnementales. Cette plante exige des températures comprises entre 15 et 35°C pour prospérer. Les minuscules graines de tabac sont d’abord plantées en pépinière, où elles se développent pour atteindre une hauteur de 15 à 20 cm après environ deux mois. Par la suite, elles sont transplantées dans les champs où elles sont prêtes à être récoltées en l’espace de 2 à 3 mois. Le rythme de croissance de la plante est rapide, mais il soulève des questions liées à l’utilisation de produits chimiques et à l’exposition à la nicotine.
Les Impacts environnementaux de la culture du tabac
La culture du tabac a un impact significatif sur l’environnement. Pour prospérer, la plante requiert des sols riches en nutriments, ce qui conduit à une utilisation considérable de produits chimiques tels que les pesticides, les engrais et les régulateurs de croissance. Ces pratiques engendrent des conséquences sur la qualité des sols et la santé des écosystèmes locaux.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le recours à ces produits chimiques pour la culture du tabac est un sujet majeur d’inquiétude. Les pesticides couramment utilisés comprennent des insecticides et des fongicides qui visent à protéger les plants de tabac. Cependant, ces substances chimiques contiennent souvent des composés toxiques, tels que le chlorpyrifos et le méthamidophos.
Les pesticides peuvent ainsi altérer la composition microbienne des sols. Les micro-organismes bénéfiques qui contribuent à la fertilité des sols sont affectés par ces produits chimiques, ce qui entraîne un déséquilibre dans l’écosystème souterrain et réduit fortement la biodiversité dans les sols. Ce déséquilibre peut rendre les sols moins aptes à soutenir la croissance des cultures à long terme. L’utilisation excessive de pesticides contribue à la résistance des ravageurs et des maladies aux produits chimiques, ce qui oblige les agriculteurs à augmenter encore davantage les doses, créant ainsi un cercle vicieux.
Les pesticides entraînent également une contamination des sols et des cours d’eau à proximité des plantations. Leurs résidus s’infiltrent dans le sol ou sont entraînés par les pluies ; ils peuvent non seulement perturber l’équilibre écologique des écosystèmes terrestres, mais aussi polluer les ressources locales en eau. Cette contamination de l’eau présente un risque sérieux pour la faune aquatique et les communautés qui dépendent de ces sources d’eau pour leur approvisionnement.
Outre ses impacts environnementaux, ce recours aux pesticides génère également des risques pour la santé humaine, en particulier pour les travailleurs agricoles qui sont directement exposés à ces substances. L’inhalation de résidus de pesticides présents sur les feuilles de tabac peut être nocive pour leur santé. De plus, les résidus de pesticides sont souvent transférés dans les produits du tabac finis.
La récolte du tabac
La maladie du tabac vert
Durant la récolte, un problème majeur survient : la maladie du tabac vert, causée par la nicotine présente dans les feuilles. La maladie du tabac vert, également appelée « Green Tobacco Sickness, » est causée par l’absorption de nicotine à travers la peau lorsque les travailleurs manipulent des feuilles de tabac humides, généralement pendant la récolte. La nicotine est rapidement absorbée par la peau, atteignant la circulation sanguine. Les symptômes incluent nausées, vomissements, maux de tête et faiblesse générale qui résultent de l’absorption cutanée de nicotine. On peut la prévenir par le port de vêtements de protection, notamment des gants. Néanmoins, tous les travailleurs ne disposent pas de ce type de matériel.
On estime qu’environ 25% des cultivateurs de tabac seraient touchés par cette maladie, soulevant des inquiétudes sur la santé des travailleurs agricoles.
Le travail des enfants pour fabriquer des cigarettes
Malheureusement, la culture du tabac fait encore trop souvent appel au travail des enfants, une réalité préoccupante, en particulier dans des pays comme le Malawi, le Zimbabwe, le Bangladesh et l’Indonésie. Les enfants sont souvent employés pour effectuer diverses tâches liées à la culture du tabac, telles que la plantation, la récolte, le tri, et le séchage des feuilles de tabac.
Le travail des enfants dans les champs de tabac présente des risques pour la santé en raison de l’exposition aux pesticides et à la nicotine présente dans les feuilles. De plus, il peut interférer avec leur accès à l’éducation, les empêchant ainsi d’acquérir les compétences nécessaires pour un avenir meilleur. Cette pratique soulève des questions sur les droits de l’enfant. Des ONG ainsi que l’organisation mondiale de la santé travaillent sur des mesures visant à mettre un terme à l’emploi des enfants.
Le processus de séchage du tabac
Après la récolte, les feuilles de tabac sont attachées en bottes ou en faisceaux. Ces bottes sont suspendues ou empilées dans des endroits spécialement conçus pour le séchage, tels que des granges ou des séchoirs dédiés.
Les feuilles de tabac sont alors soumises à un processus de séchage spécifique à chaque type de tabac. Le Burley est séché à l’air libre, le Virginia nécessite de l’air chauffé, ce qui peut entraîner une forte consommation de bois dans certains pays, tandis que les tabacs orientaux sont séchés au soleil. Cette étape est cruciale pour le développement des saveurs.
Enfin, les feuilles de tabac sont triées en fonction de leur taille, de leur maturité et de leur coloration. Certaines sont conservées pendant plusieurs années, ce qui a une influence sur la nature des arômes dans les produits finis (profondeur, complexité, …). Après le séchage initial, certaines feuilles de tabac, en particulier celles destinées à la fabrication de cigares, peuvent être conservées pendant plusieurs années dans des conditions contrôlées pour développer des saveurs plus complexes.
La production de tabac au niveau mondial
3 pays couvrent plus de 50% de la production de tabac :
- La Chine est le plus grand producteur de tabac au monde. Elle cultive une grande variété de types de tabac, notamment le tabac à cigarette, le tabac à mâcher et le tabac à pipe. La Chine est aussi le plus grand marché de cigarettes au monde, avec une demande intérieure très importante.
- L’Inde est également un acteur majeur dans la production de tabac. Elle produit diverses variétés de tabac, principalement utilisées pour les cigarettes et les bidis (cigarettes fines enroulées dans une feuille de tendu1). L’Inde est aussi l’un des plus grands marchés de cigarettes et de produits du tabac.
- Le Brésil est un producteur de tabac de premier plan, en particulier de tabac destiné aux cigares et aux cigarettes « haut de gamme ». Le pays cultive diverses variétés de tabac et exporte une part importante de sa production vers d’autres marchés.
- Avec des conditions climatiques appropriées et de vastes territoires, Cuba est l’un des plus grands exportateurs de cigares au monde
- Descendue vers la 45ème place dans la production mondiale, la France compte encore 1500 tabaculteurs sur un total de 4500 hectares, répartis dans le Sud-Ouest et le Sud-Est.
Le tabac est cultivé dans de nombreux pays comme les États-Unis (notamment le Kentucky), l’Indonésie, le Zimbabwe, le Malawi, la Turquie, la Grèce, le Canada ou encore l’Australie qui produit pour son marché intérieur. Cette activité agricole peut représenter parfois un revenu très important dans l’économie de certains pays notamment ceux en voie de développement.
Chaque année, on estime que 6,3 millions de tonnes de feuilles de tabac vert sont produites en moyenne au niveau mondial.
La culture du tabac nécessite une vaste étendue de terres agricoles, exigeant des sols spécifiques et une surveillance minutieuse tout au long du processus, impliquant l’utilisation de pesticides et d’engrais. Cette expansion se fait aux dépens de cultures vivrières essentielles, compromettant ainsi la sécurité alimentaire en détournant des terres qui pourraient autrement être consacrées à la culture de céréales, de légumes et de fruits. La culture du tabac a des répercussions environnementales et sociales qui affectent les ressources naturelles et la disponibilité des terres pour d’autres usages.
Pour en savoir plus :
Sources :
The Tobacco Industry- A Hindrance to the Elimination of Child Labor
Atlas des producteurs de tabac
Tobacco tactics , la culture du tabac
How tobacco processing in factory
OMS-journée mondiale sans tabac -2023
tobacco tactis tabac et environnement
