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  Le tabac, un impact démesuré sur la santé     

par Céline Fournier

Fumer tue 

Ce n’est plus une surprise. Le tabac impacte gravement la santé humaine. Avec près de 75.000 décès chaque année, le tabagisme est la première cause de mortalité évitable en France.  
C’est l’équivalent d’un crash d’avion par jour sans que cela n’émeuve personne. Le tabagisme tue presque dans l’indifférence générale.   
 

Le lien entre fumer et cancer 

Le tabagisme est un facteur de risques dans plus de 17 des cancers le plus connu étant le cancer du poumon considéré comme le cancer du fumeur.  

85 % à 90 % de ces cancers sont en relation avec le tabagisme actif, l’âge de début précoce, l’intensité de l’inhalation et la durée. Pour une consommation de 1 paquet/jour pendant 20 ans, le risque est multiplié par 13 par rapport au non-fumeur, et par 26 pour 40 ans. Les cas survenant chez des non-fumeurs sont dus au tabagisme passif, à l’exposition au radon ou à la pollution, à une exposition professionnelle à l’amiante ou à l’arsenic. Moins de 1 % est lié à une prédisposition génétique héréditaire. Dès la fin du XIXe siècle, on avait constaté que les fumeurs développaient des cancers pulmonaires. Mais c’est Richard Doll qui, ayant suivi près de 41 000 médecins britanniques, hommes et femmes, de 1951 à 2002, a prouvé la relation statistique entre tabagisme et cancer du poumon. 

Le tabagisme est intimement lié à un risque accru de développer plusieurs types de cancers, une réalité effrayante renforcée par des données médicales incontestables. Les composants chimiques nocifs contenus dans la fumée de cigarette pénètrent profondément dans les tissus de la gorge, de la bouche et des lèvres, créant ainsi un environnement propice à la formation de cellules cancéreuses. De plus, le tabagisme est un facteur de risque majeur pour le cancer du pancréas, des reins et de la vessie, car les substances toxiques inhalées altèrent gravement la fonction cellulaire de ces organes.  

Chez les femmes, fumer est associé à un risque accru de cancer de l’utérus. 

Lorsque l’alcool est consommé en conjonction avec le tabac, le risque de cancer de l’œsophage est encore plus prononcé car ces substances agissent de manière synergique, augmentant la probabilité de dommages cellulaires. 

Le tabagisme représente un facteur de risque majeur pour une multitude de cancers en raison des produits chimiques toxiques présents dans la fumée de cigarette, altérant le fonctionnement normal des cellules et des tissus dans diverses parties du corps. 

Des maladies qui dégradent la qualité de vie …  

Fumer engendre aussi les maladies cardio-vasculaires ainsi qu’une forte augmentation du risque d’infarctus, ce qui est moins connu du grand public,.  Le tabagisme est ainsi l’un des principaux facteurs de risque contribuant au développement de maladies cardiovasculaires. Les substances toxiques présentes dans la fumée de cigarette affectent gravement le système cardiovasculaire en augmentant la fréquence cardiaque et la pression artérielle, forçant le cœur à travailler plus intensément.  
 
Cette surcharge permanente peut endommager les parois des artères, favorisant ainsi l’accumulation de plaques de graisse, un processus appelé athérosclérose. 
En conséquence, les artères deviennent étroites, restreignant le flux sanguin vers le cœur et d’autres parties du corps.  
 
De plus, le monoxyde de carbone réduit la capacité du sang à transporter l’oxygène, mettant ainsi une pression supplémentaire sur le cœur pour fournir suffisamment d’oxygène aux tissus et organes. Cette combinaison de facteurs augmente considérablement le risque de crises cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), de maladies coronariennes et d’autres problèmes cardiovasculaires graves chez les fumeurs 

Encore moins connue, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie pulmonaire progressive et invalidante souvent causée ou amplifiée par le tabagisme. Elle se caractérise par une obstruction progressive et irréversible des voies respiratoires, rendant la respiration difficile.  
 
Le tabagisme chronique est le principal facteur de risque de la BPCO, bien que d’autres substances inhalées puissent également contribuer à son développement. L’exposition prolongée aux substances toxiques de la fumée de cigarette endommage les voies respiratoires et les alvéoles pulmonaires, entraînant une inflammation constante et une fibrose progressive.  
Les symptômes typiques de la BPCO comprennent une toux persistante, une production de mucus accrue, des difficultés respiratoires et une sensation d’essoufflement, ce qui limite considérablement la capacité à mener une vie quotidienne normale. La BPCO peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie, entraînant des complications sévères telles que des exacerbations aiguës, des infections pulmonaires récurrentes et une insuffisance respiratoire.  

Le tabac tue précocement 50% de ses consommateurs, mais la moitié restante ne vit pas sans conséquence sur sa santé.  

Une conséquence méconnue du tabagisme: son impact sur la reproduction 

Le lien entre le tabagisme et la fertilité est profondément significatif, affectant non seulement la capacité de concevoir naturellement mais également les résultats de certaines méthodes de reproduction assistée. Les fumeurs peuvent éprouver ainsi une diminution des capacités sexuelles et de la fertilité, car le tabac affecte la circulation sanguine, compromettant ainsi le flux sanguin vers les organes génitaux.  
Chez les hommes, le tabagisme est associé à une diminution de la qualité du sperme, affectant sa mobilité, sa morphologie et sa concentration. Ces altérations rendent plus difficile la fécondation de l’ovule, limitant ainsi les chances de conception. 
 
Chez les femmes, le tabagisme altère la fonction ovarienne, provoquant des irrégularités menstruelles et une diminution de la réserve ovarienne. De plus, fumer augmente le risque de troubles gynécologiques tels que l’endométriose et les problèmes tubaires qui peuvent entraver la fertilité.  
Même lorsqu’un recours à la fécondation in vitro (FIV) est envisagé, le tabagisme peut entraîner des conséquences négatives. Les femmes fumeuses ont souvent une réponse ovarienne moindre lors du traitement de FIV, réduisant ainsi les chances de succès. Plusieurs études démontrent qu’au delà d’une consommation d’un paquet par jour, les chances de réussite d’une grossesse sont presque réduites à zéro.  

Fumer fait vieillir prématurément 

Les fumeurs sont plus susceptibles de développer des rides et ridules précoces en raison des produits chimiques présents dans la fumée de cigarette qui endommagent le collagène et altèrent l’élasticité de la peau. L’altération du goût et de l’odorat est également un effet notoire du tabagisme, car les substances toxiques de la fumée de tabac interfèrent avec les récepteurs sensoriels, affectant la perception des saveurs et des odeurs. Enfin, les effets esthétiques tels que les dents jaunes ou une haleine désagréable sont des conséquences visibles du tabagisme. La nicotine et d’autres composants de la cigarette provoquent des changements dans la cavité buccale, entraînant des taches sur les dents et une mauvaise haleine persistante. 

Fumer détériore notre ADN

Le tabagisme représente une réelle menace pour notre santé, et l’un de ses impacts les plus alarmants concerne notre matériel génétique. La fumée de cigarette contient des substances toxiques qui ont un effet direct sur notre ADN.https://theconversation.com/tabac-alcool-et-autres-drogues-ils-modifient-notre-epigenome-178706 Ces agents nocifs, parmi lesquels on trouve des agents cancérigènes, des radicaux libres et des métaux lourds, perturbent la stabilité de notre patrimoine génétique. Cette altération de l’ADN peut engendrer des mutations et des dommages cellulaires, favorisant ainsi le développement de maladies graves, dont certaines formes de cancer. Il est crucial de comprendre cette altération au niveau moléculaire afin de sensibiliser pleinement aux risques liés au tabagisme et de souligner l’urgence d’adopter des mesures préventives pour éviter ces dégâts irréversibles.

Pourquoi fume-ton encore ? 

Une drogue licite  
Malgré toutes les conséquences décrites ci-dessus, la prévalence tabagique reste très élevée en France.  En effet la nicotine est la 3ème drogue la plus forte (après l’héroïne et la cocaïne).  


Trois formes de dépendance :  

Dépendance physique : Il s’agit du niveau de dépendance le plus directement lié aux substances chimiques présentes dans le tabac, notamment la nicotine. La nicotine crée une dépendance physique en modifiant le fonctionnement du cerveau, provoquant une tolérance à la substance et des symptômes de sevrage lorsque la consommation de nicotine est réduite ou arrêtée. Ces symptômes de sevrage, tels que l’anxiété, l’irritabilité, les maux de tête ou les fringales de nicotine, renforcent la dépendance physique et rendent difficile l’arrêt du tabagisme. 

Dépendance environnementale : Ce niveau de dépendance concerne les facteurs externes liés à l’environnement du fumeur. Cela peut inclure des situations sociales, comme le fait de fumer en présence d’autres fumeurs ou dans des endroits où la cigarette est habituellement consommée. L’environnement social, culturel ou familial peut également jouer un rôle important dans le maintien de l’habitude de fumer. 

Dépendance comportementale : Ce niveau de dépendance est associé aux comportements et aux habitudes spécifiques liées à la consommation de tabac. Fumer à des moments précis de la journée ou en association avec d’autres activités (comme après un repas ou en prenant une pause au travail), autant de rituels qui font partie de cette dépendance comportementale. Ces habitudes sont souvent profondément ancrées et peuvent être difficiles à briser. 

Ces trois niveaux de dépendance interagissent souvent de manière complexe, rendant la cessation tabagique difficile. Pour de nombreuses personnes, il est nécessaire de traiter les trois aspects, environnementaux, comportementaux et physiques de la dépendance pour réussir à arrêter de fumer de manière durable. 

Ainsi, le fumeur est continuellement tiraillé par 2 injonctions contradictoires : 

« le besoin » de combler un manque de nicotine (avec intoxication au passage) et le souhait sincère d’arrêter de fumer (avec toutes les difficultés que cela représente). (6 fumeurs / 10 souhaitent arrêter) 

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