Sevrage tabagique et grossesse : l’incitation financière fonctionne

par Céline Fournier


Pilotée par le dr Ivan Berlin , une étude dont les résultats ont été publiés le 1er décembre dernier dans le British Medical Journal, confirme que la récompense sous forme de bons d’achats de plus en plus importants permettraient réellement le sevrage tabagique lors de la grossesse.

C’est un véritable problème de santé publique. Seul la moitié des femmes enceintes fumeuses réussissent à arrêter de fumer durant leur grossesse. Le sevrage est pourtant essentiel pour la santé de la mère et de l’enfant. En effet, de nombreuses études démontrent les risques importants du tabagisme durant la grossesse qu’encourent une mère et son futur bébé : retard de croissance, malformation etc…

Réduire le tabagisme chez la femme enceinte est une priorité. En 2011, DNF a porté un projet sur cette population spécifique. Une étude sur des milliers de messages sur les forums de grossesse démontrait que les femmes enceintes fumeuses sous estimaient les dangers liés à leur tabagisme.

Proposer un système de bons d’achats dont le montant est croissant

460 femmes enceintes fumeuses (moyenne d’âge 29 ans), suivies dans 18 maternités françaises, ont participé à cette étude
-231 femmes enceintes fumeuses désirant arrêter de fumer (et fumant plus de 5 cigarettes par jour à l’inclusion) ont été randomisées dans le groupe « intervention/incitation financière »
– 229 dans le groupe contrôle avant la 18e semaine de grossesse.

L’étude prévoyait 6 visites en maternité. Après une date d’arrêt prédéfinie, les participantes du groupe contrôle recevaient 20 euros à chaque visite, mais l’abstinence n’était pas récompensée de surcroît. Les participantes du groupe « intervention/incitation financière » recevaient en plus de ces 20 euros, des bons d’achat de 20 euros dont le nombre augmentait progressivement avec la durée de l’abstinence tabagique.

Les participantes du groupe contrôle pouvaient ainsi obtenir un maximum de 120 euros de bons d’achat, celles du groupe « intervention/incitation financière », un maximum de 520 euros si elles restaient abstinentes tabagiques.

4 fois plus de chances d’arrêter de fumer durant la grossesse avec l’incitation financière

L’abstinence tabagique continue (abstinence de la date d’arrêt jusqu’à la dernière visite avant l’accouchement) était de 16 % (38/231) dans le groupe « intervention/incitation financière » et 7 % (17/229) dans le groupe contrôle. L’étude démontre ainsi que La probabilité d’être abstinente était quatre fois plus élevée dans le groupe avec incitation financière croissante.

De plus , les femmes de ce groupe fumaient également moins de cigarettes tout au long de la grossesse, rechutaient plus tardivement (à la cinquième visite versus la quatrième pour les autres).

L’autre facteur très intéressant, c’est que l’étude a permis de mettre en évidence les bénéfices sur l’enfant à naitre. la récompense par bons d’achat était associée à une réduction de 7 % des issues néonatales négatives (2 % contre 9 %) et à davantage de nouveau-nés avec un poids de naissance supérieur ou égal à 2 500 g.

L’incitation financière fonctionne et mérite d’être généralisée

L’incitation financière progressive par bons d’achat qui récompense l’abstinence tabagique pendant la grossesse pourrait être introduite dans la prise en charge habituelle des femmes enceintes fumeuses. Restent à connaître le rapport coût-bénéfice et surtout l’acceptabilité de cette intervention

* Réalisée par des équipes de l’AP-HP en collaboration avec l’EDHEC Business School, l’Université Paris Nanterre, le CNRS1, l’Université Paris Dauphine – PSL, le Centre Hospitalier Saint Joseph Saint Luc de Lyon, le CHU Morvan à Brest et 18 maternités de France. L’étude a bénéficié d’une subvention de l’Institut national du cancer.
Source et article complet sur le quotidien du medecin.

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