Paris, le 29 octobre 2024– Alors que le Plan national de lutte contre le tabagisme ambitionne d’atteindre la première génération sans tabac en 2032 , les terrasses, véritables lieux de convivialité, demeurent les grandes oubliées de ce plan. En dépit des mesures européennes encourageant l’interdiction de fumer sur les terrasses, la France continue d’autoriser la fumée dans ces espaces, laissant ainsi des millions de Français – clients et salariés – sans protection contre les méfaits du tabagisme passif.
Depuis 2004, l’association DNF (Demain sera Non-Fumeur) milite pour des espaces de convivialité sans tabac. Dès 2008, elle a notamment concentré ses efforts sur la problématique des terrasses. Ces dernières, initialement créées pour permettre aux clients de consommer en plein air sont devenues des extensions d’établissement affectées aux fumeurs lorsque fumer est devenu interdit dans l’établissement. Elles ont été fermées et couvertes en périodes d’intempéries, en oubliant que ces changements devaient s’accompagner de l’interdiction de fumer.
Aujourd’hui, 68 % des terrasses couvertes ou semi-couvertes visitées dans différents quartiers de Paris ne respectent pas les règles en vigueur, lors d’une visite menée par DNF en octobre 2024 .
Ce chiffre laisse présager une situation encore plus préoccupante à l’approche de l’hiver, quand les restaurateurs ferment leurs terrasses pour protéger leurs clients du froid, mais non de la fumée.
Les Français veulent des terrasses sans tabac : des chiffres sans équivoque
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 84 %[1] des Français souhaitent ne plus être exposés au tabac dans au moins un lieu non soumis à l’interdiction de fumer tel que les terrasses de cafés et de restaurants. Ces résultats, issus d’un sondage récent OpinionWay pour DNF Echantillon de 1030 Français âgés de 18 ans et plus,représentatifs de la population française, montrent une volonté constante de protection face au tabagisme. Près d’un Français sur deux a également déclaré avoir été exposé à la fumée de tabac sur une terrasse de café ou de restaurant. Cette dernière représente une nuisance ou un inconfort pour près de 8 Français sur 10.
La demande de protection contre le tabagisme sur les terrasses est soutenue par des chiffres révélateurs. Plus de 57 % des plus de 60 ans, par exemple, se prononcent pour des terrasses sans tabac. Et près de vingt ans après l’interdiction totale de fumer dans les espaces fermés, la fumée de tabac reste une nuisance omniprésente qui décourage cette majorité de Français de fréquenter ces établissements.
Des terrasses sans tabac : un choix gagnant
Alors que les terrasses sont des espaces de socialisation importants, la normalisation de la cigarette dans ces lieux envoie un message contradictoire à la population et aux jeunes en particulier. Cette banalisation contribue à normaliser la cigarette et expose également des travailleurs non protégés à une fumée toxique, altérant la qualité de l’air. Une étude menée par DNF et publiée au BEH[2] a démontré que l’air de certaines terrasses peut être plus pollué que celui du périphérique parisien aux heures de pointe. Cette réalité sanitaire et sociale devrait suffire à motiver les décideurs.
Pourtant, les restaurateurs qui ont fait le choix du « sans tabac » se disent satisfaits et n’imaginent pas revenir en arrière. Sur sa chaîne YouTube[3] et ses réseaux sociaux, DNF partage des témoignages de restaurateurs convaincus des bénéfices d’une terrasse sans tabac, citant moins de conflits, un environnement plus agréable, tout comme un nettoyage facilité. En effet, depuis 2019, l’association déploie l’application « ma terrasse sans tabac », un guide collaboratif en ligne pour valoriser les restaurateurs qui font le choix du confort de leur clientèle.
De plus, instaurer une interdiction globale permet de mettre tous les restaurateurs sur un pied d’égalité en évitant la concurrence déloyale liée à la présence ou non de fumeurs en terrasse. Dans un contexte où certains hésitent à adopter le sans tabac de peur de perdre des clients face à leurs concurrents, une réglementation uniforme rendrait cette question obsolète.
Le soutien de l’Union européenne : un appel à agir pour la France
L’Union européenne a récemment recommandé d’étendre l’interdiction de fumer aux terrasses. Face à cette recommandation, DNF invite les décideurs publics à prendre des mesures concrètes pour suivre cet exemple et enfin inclure les terrasses dans le plan de lutte contre le tabagisme.
La France a été pionnière dans la lutte contre le tabagisme, alors pourquoi retient-elle cette avancée, plébiscitée par une majorité de Français et maintenant par l’Europe ? Au-delà d’une simple mesure sanitaire, interdire de fumer en terrasse garantit un traitement égal pour tous, protège la population et les restaurateurs des inégalités, et offre des espaces conviviaux sans compromis. La génération sans tabac est à portée de main et cela passe par la réduction des espaces où la cigarette est omniprésente.
[1] Les français et les lieux sans tabac 2024- OpinionWay pour DNF -mai 2024
[2] BEH- mai 2011- beh_20_21_2011.pdf (santepubliquefrance.fr) page 241
Méthodologie de l’enquête : Echantillon de 1030 Français âgés de 18 ans et plus,
représentatifs de la population française au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socio-professionnelle
et de région de résidence (source des quotas : INSEE)
L’échantillon a été interrogé par questionnaire autoadministré en ligne sur système CAWI (Computer
Assisted Web Interview) via notre omnibus.