Cancer en France : les femmes sont sur la mauvaise pente

par Céline Fournier

Alors que le nombre de cancers en France est actuellement plus élevé chez les hommes (245 610 nouveaux cas estimés en 2023, contre 187 526 chez les femmes), les tendances observées ne sont pas les mêmes. C’est ce que révèle le dernier numéro du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) publié ce mardi, résultat d’une collaboration entre Santé publique France, l’Institut national du cancer, le réseau des registres des cancers Francim et le service de biostatistique-bioinformatique des Hospices civils de Lyon (HCL).

« Le cancer du poumon chez les femmes est un signal d’alerte très important », insiste Norbert Ifrah, président de l’Institut national du cancer. « La mortalité liée à ce cancer pourrait dépasser celle du cancer du sein.« 

L’écart entre l’homme et la femme se réduit

Et si nous assistions prochainement à une inversion de la tendance, où les femmes seraient plus touchées par le cancer du poumon que les hommes ? Bien que le nombre de cancers reste plus élevé chez les hommes en France (245 610 nouveaux cas estimés en 2023, contre 187 526 chez les femmes), l’écart entre les deux sexes tend à se réduire. C’est ce que révèle le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) réalisé en collaboration entre Santé publique France, l’Institut national du cancer, le réseau des registres des cancers Francim et le service de biostatistique-bioinformatique des Hospices civils de Lyon (HCL), dont le contenu a été publié ce mardi.

Ce bulletin présente les estimations d’incidence des principaux cancers en France pour l’année 2023 et analyse leur évolution depuis 1990. On constate une augmentation de 47 % du risque de cancer chez les femmes au cours de cette période, tandis que cette augmentation est de « seulement » 20 % chez les hommes. Quels types de cancers sont concernés ? Et comment expliquer cette réduction de l’écart entre les deux sexes ?

Un signal d’alerte important concernant le cancer du poumon chez les femmes

Si chez les hommes, le taux d’incidence des cancers a d’abord augmenté de 1990 à 2006, il a ensuite diminué de 2006 à 2010 avant de se stabiliser. En revanche, chez les femmes, il a connu une augmentation constante, notamment pour les cancers considérés comme « évitables » et principalement liés à la consommation d’alcool, au tabagisme et à la sédentarité.

Le tabagisme, ennemi numéro 1

Le tabagisme demeure le principal facteur de risque évitable du cancer, selon les conclusions des experts du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH). Une étude réalisée par Francim met en évidence le rôle prépondérant du tabagisme chez les femmes dans cette augmentation des risques. Florence Molini, présidente de Francim, rappelle que « le tabac est le facteur de risque numéro un qu’il est possible d’éviter ». Dans les années 1970, l’écart de consommation de tabac entre les hommes et les femmes était significatif, avec 59 % des hommes fumeurs contre seulement 28 % des femmes. Toutefois, au fil du temps, les femmes ont comblé cet écart. Actuellement, l’écart n’est plus que de 5,7 points, avec 27,4 % des hommes et 21,7 % des femmes fumeurs quotidiennement. Tania d’Almeida, co-coordinatrice de l’étude d’incidence à Francim, souligne que la crise du Covid-19 a eu un impact négatif sur la réduction du tabagisme, en particulier chez les femmes. Bien que la consommation de tabac ait diminué chez les hommes après la pandémie, elle n’a pas suivi la même tendance chez les femmes.

Il convient de noter que les cancers du poumon ne sont pas les seuls liés à la consommation de tabac. En effet, cette habitude a également un impact sur les cancers de l’œsophage, du pancréas et des lèvres, de la bouche et du pharynx. On observe une augmentation de ces types de cancers chez les femmes, tandis que leur incidence diminue ou augmente moins significativement chez les hommes. Une diminution de la consommation de tabac chez les hommes contribue en grande partie à la baisse des cas de cancer de la vessie dans cette population, selon les observations de Norbert Ifrah.

Néanmoins, il est important de souligner quelques notes positives pour les femmes, avec une baisse de l’incidence de certains cancers. C’est notamment le cas des cancers de l’estomac, des ovaires et du corps de l’utérus.

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