Le tabagisme est le plus grand fléau de santé publique actuel ; il occasionne 1,3 millions de décès par tabagisme passif et 8 millions au total chaque année dans le monde. Pour venir a bout de ce fléau, deux approches différentes sont complémentaires : barrer la route à tout ce qui permet de rendre cette pratique attractive ou en réduire l’accessibilité.
Très rares sont les responsables politiques à avoir eu le courage d’utiliser simultanément ces deux leviers très complémentaires. Partagés entre l’objectif de santé publique que leur impose désormais l’opinion publique et celui de ne pas déplaire à la partie de l’électorat qui consomme ou fait commerce du tabac, ils finissent toujours par ménager la chèvre et le chou.
Ainsi a-t-on pu constater que la guerre au tabac (par les prix) déclarée par un président en 2003 avait aussitôt été suivie du moratoire sur les prix prononcée par son premier ministre, puis par le décret novateur du 15 novembre 2006. L’effet de ce décret sur la consommation avait été quasiment nul car la poursuite du moratoire rendait le tabac plus accessible chaque année.
Un autre président, lorsque le paquet neutre lui avait été proposé en même temps que le paquet à 10 euros, avait choisi le paquet neutre en précisant à sa ministre de la santé qu’il fallait « choisir entre le fromage et le dessert »
Les prix du tabac indexés sur l’inflation ne permet pas une hausse franche
Il en va de même depuis 2021. Après la réussite exceptionnelle du programme national de lutte contre le tabac, une décision législative prive désormais de toute possibilité d’utiliser la trajectoire fiscale, arme principale de contrôle du tabac. En effet, depuis le 1er mars 2019, la fiscalité est indexée sur l’inflation, victoire honteuse de parlementaires sur un exécutif « menotté ».
La première ministre ne pouvait donc pas annoncer une augmentation de la fiscalité car elle augmentera automatiquement, faiblement mais juste assez pour enrichir les fabricants. Elisabeth Borne a donc choisi de supprimer l’arme de destruction massive de la jeunesse imaginée par l’industrie du tabac et de la Vape : la Puff qui, depuis plus d’un an, envahit non seulement nos écoles mais également nos caniveaux car elle est à usage unique.
Interdire la puff, une décision courageuse mais …
Il faut cependant saluer cette décision courageuse venant d’une première ministre elle-même vapoteuse. Elle démontre ainsi que l’utilisation personnelle qu’elle fait du vapotage répond au seul objectif que cette pratique aurait dû maintenir : aider ceux qui n’y arrivent pas par les moyens classiques à quitter le tabac.
Certes, le fait de participer à la promotion de la cigarette électronique en vapotant devant des caméras est moralement condamnable pour un personnage important, mais il faut noter que cela n’est pas condamnable au titre d’un décret scélérat qui annule les effets de la Loi.
Supprimer le décret qui autorise le vapotage là où fumer est interdit et supprimer l’indexation de la fiscalité du tabac, deux objectifs impératifs !
Sans volonté politique réelle, et tant que ces anomalies subsisteront, la France restera l’un des plus mauvais élèves de l’Europe en termes de contrôle du tabac.