Un récent rapport sénatorial propose une augmentation progressive du prix du tabac en France, qui pourrait atteindre 25 euros par paquet d’ici 2040. Cette mesure vise à réduire la consommation de tabac en rendant les cigarettes de plus en plus coûteuses. La fiscalité est l’un des leviers les plus efficaces pour réduire la consommation sous conditions
Une augmentation des prix régulière et continue a de réels effets sur la consommation
Selon les sénateurs, le taux de prévalence du tabagisme en France reste élevé, avec environ 25 % de la population française étant fumeuse. Cependant, il y a un point d’optimisme : la consommation de tabac chez les jeunes est en baisse. Elisabeth Doisneau, sénatrice du groupe Union centriste, note que cette tendance parmi les lycéens résulte en grande partie du prix élevé des cigarettes, ce qui décourage les jeunes de commencer à fumer.
« C’est une réussite sur laquelle capitaliser », souligne-t-elle
.Le rapport indique clairement qu’une hausse significative des prix du tabac a un impact réel sur la réduction du taux de prévalence du tabagisme. En France, la prévalence du tabagisme diminue lorsque le prix augmente de plus de 4 %. C’est pourquoi le rapport recommande une augmentation annuelle de 5 % du prix des produits du tabac (soit 3,25 % hors inflation). Cette stratégie porterait le prix du paquet de cigarettes d’environ 12 euros aujourd’hui à 25 euros en 2040.
Depuis 2017, la France a appliqué une politique agressive d’augmentation des prix du tabac après plusieurs années de petites hausses. En 2022, le prix moyen d’un paquet de cigarettes était de 10,50 euros, contre 7 euros en 2014.
Actuellement, la fiscalité sur le tabac génère environ 15 milliards d’euros par an. Avec l’augmentation du prix du tabac, il est prévu d’augmenter également la remise aux buralistes. Toutefois, Elisabeth Doisneau souligne l’importance de lutter contre le marché parallèle. Elle critique les études commandées par l’industrie du tabac, comme celle de Philip Morris réalisée par le cabinet KPMG, qui prétendent que l’augmentation des prix favoriserait la contrebande. En réalité, ces industriels tendent à sur approvisionner les pays frontaliers pour contrer les hausses de prix.
Le traditionnel argument des buralistes sur la hausse des prix
Les buralistes brandissent ainsi la menace d’un recours accru au marché noir à chaque annonce de hausse de prix. Ils estiment que la fiscalité française sur le tabac est déjà trop élevée par rapport aux autres pays européens, ce qui pénalise tant la santé publique que l’économie du réseau des buralistes. Ils appellent à un moratoire sur les augmentations de taxes tant que les pays voisins n’auront pas harmonisé leur fiscalité.
D’après l’OFDT, leurs craintes concernant le marché noir ne sont pas fondées. La majorité des fumeurs continuent ainsi d’acheter leurs cigarettes chez les buralistes, et seulement 1 % des derniers paquets achetés proviennent de la rue. Leurs études indiquent que le marché noir représente entre 10 % et 20 % des ventes, bien moins que les estimations de l’industrie du tabac. Ces données montrent donc que ces augmentations n’ont pas significativement modifié les comportements d’achat des fumeurs ce qu’a également démontré DNF durant la période COVID. .
La proposition d’augmenter le prix du tabac à 25 euros d’ici 2040 s’inscrit dans une stratégie globale de lutte contre le tabagisme. Cette mesure pourrait contribuer significativement à la réduction du nombre de fumeurs en France. Cependant, pour être pleinement efficace, elle doit être accompagnée d’autres initiatives, telles que des campagnes de sensibilisation, des aides à l’arrêt du tabac et une harmonisation de la fiscalité au niveau européen.
Pour aller plus loin :
Rapport du Sénat – mai 2024 – la fiscalité comportementale Stop ou encore ?
Infographie le vrai coût du tabac