De la conception d’un enfant à l’adolescence, le tabac a une influence négative sur chaque étape de la vie. La France figure parmi les mauvais élèves en matière de grossesse « tabagique » ou encore de prévalence chez les adolescents.
Alors que les messages de prévention sur l’alcool durant la grossesse semblent être passés, les futures mamans fumeuses tendent à minimiser les risques pour elle et leur bébé. Pourtant, les risques sont bien réels: mort subite du nourrisson, troubles de l’attention, asthme, otite etc..
Enfin, trop d’enfants sont encore exposé à la fumée de cigarettes de leurs parents ce qui peut provoquer de nombreuses pathologies à court et long terme.
Le tabagisme de la femme a des effets négatifs à tous les stades de la reproduction
La fertilité de la fumeuse est diminuée et le temps nécessaire à la conception est allongé.
Fumer pendant la grossesse multiplie les risques de fausses couches, grossesses extra-utérines, mauvaises implantations du placenta, hémorragies du troisième trimestre, morts in utero et naissances prématurées. Au Royaume-Uni, D. Jurkovic (BMJ, juin 2013) estime que sur 125 000 fausses couches spontanées, 25 000 sont associées au tabagisme.
Mais la complication la plus fréquente est le retard de croissance intra-utérin. Il serait de plus de 400 g pour les femmes fumant plus de 20 cigarettes/jour et de près de 200 g pour celles qui fument moins de 5 cigarettes/j. Ce retard de croissance augmente la vulnérabilité du bébé.
Beaucoup de femmes enceintes ne perçoivent pas les risques liés au tabagisme pour leur enfant
Selon le baromètre santé 2017, Le tabagisme pendant la grossesse concernerait entre 20 % et 25 % des femmes enceintes et serait plus fréquent parmi les femmes les plus jeunes et les moins diplômées. Une consommation de plus de 10 cigarettes/j. était perçue comme dangereuse alors qu’une consommation de moins de 5 cigarettes ne l’était pas, et même l’était moins que le stress présumé d’un sevrage. La perception des risques pour l’enfant était faible : 1 femme sur 4 citait de possibles problèmes respiratoires, 1 sur 5 des problèmes de croissance, 1 sur 6 un risque de prématurité…
La consommation de tabac durant la grossesse représente toujours un risque important de complications diverses. Les substances toxiques présentes dans le tabac touchent les ovocytes de la femme et altèrent le bon développement du fœtus puisque ce dernier évolue dans un liquide amniotique pollué.
Il augmente les hémorragies gravidiques par placenta prævia (localisation anormale du placenta qui peut être responsable d’hémorragies sévères au cours du troisième trimestre de la grossesse), les hématomes rétro-placentaires (complication très grave mettant en jeu la vie de la mère et du fœtus par le décollement prématuré du placenta, ce qui entraîne une souffrance fœtale aiguë par diminution de l’apport d’oxygène et un risque de décès maternel) , les avortements spontanés et accouchements prématurés.
Le monoxyde de carbone (CO) inhalé par la future maman se fixe directement sur l’hémoglobine maternelle et fœtale, ce qui entraine une diminution durable de l’oxygénation de l’embryon. Les substances présentes dans la cigarette, telles le CO, les goudrons, les métaux lourds, les poisons et la nicotine contaminent le sang de la mère, le liquide amniotique puis, le sang du fœtus et par conséquent endommagent le cocon créé naturellement par le corps humain pour accueillir le bébé.
Les principaux risques pour le fœtus :
- Le retard de croissance intra utérin: Le tabac diminue l’apport en oxygène et en vitamines B12 et C mais également en folates et en zinc. Ces manques ont des conséquences sur le développement du fœtus. Un bébé qui a un faible poids à la naissance peut avoir plus souvent des problèmes de santé, de développement et de comportement .
- Un risque majoré de mort in utéro: le manque d’oxygénation du fœtus et l’intoxication maternelle par les polluants du tabac peuvent mettre fin à la vie du fœtus
- Un risque majoré de malformations (tel que le bec de lièvre)
Beaucoup de futures mamans se déculpabilisent en regardant les enfants d’une femme qui a beaucoup fumé pendant sa grossesse. Elles se disent qu’« ils sont en très bonne santé »
Le tabagisme durant la grossesse n’engendre pas forcément les problèmes qui viennent d’être cités, mais induit des facteurs de risques bien réels et trop nombreux pour essayer de se trouver des excuses.
Chez l’enfant et le nourrisson
- Augmentation de 50 % de risque de développer la grippe, les bronchites ou les pneumonies.
- Augmentation de 30 % du risque d’asthme ou d’aggravation d’un asthme préexistant.
- Augmentation du risque d’otite moyenne de 60 %.
- Augmentation du risque de méningite à méningocoque chez les enfants de moins de 5 ans.
- Complications respiratoires per ou post-opératoires en chirurgie générale.
- Un risque majoré de développer un diabète s’il devient fumeur à l’âge adulte ( les enfants exposés in-utéro ont plus de risques de devenir fumeur)
Une étude française (D. Drummond et coll., Inserm unité 955) publiée en Janvier 2017 dans le journal Environmental Health Perspective fait état chez la souris d’une réduction des capacités respiratoires à la naissance de souriceaux issus de femelles gestantes exposées à la fumée de tabac. Et s’ils y sont à nouveau exposés à la puberté, la perte de leurs capacités respiratoires est encore plus importante. Si ces résultats sont transposables à l’homme, les auteurs alertent sur les risques d’évolution vers une BPCO précoce chez des adolescents nés de mères fumeuses et devenant fumeurs à leur tour. Or on sait que des enfants de fumeurs ont deux fois plus de risque de devenir eux-mêmes fumeurs.
L’exposition à la fumée de tabac des enfants en famille
Les jeunes enfants ne peuvent que subir le tabagisme de leurs parents. Depuis quelques années, on insiste beaucoup sur les dangers de la fumée tertiaire, dite encore de troisième main, des Anglosaxons (third hand smoke), responsable du tabagisme ultra-passif, c.-à-d. celle qui persiste alors que la cigarette est éteinte.
Après un temps de suspension dans l’air, les particules très fines de la fumée secondaire (moins de 1 micron de diamètre) vont se déposer sur les surfaces, sols et murs et s’incruster dans les textiles comme les moquettes, les coussins ou encore les sièges de voiture. La fumée environnementale est plus toxique que la fumée du courant primaire, mais il s’avère que la fumée tertiaire l’est encore plus.
En effet, les fines particules de la fumée de tabac réagissent avec l’ozone et les composés nitreux de l’air ambiant pour former des composés très nocifs mettant des semaines, voire des mois à se dégrader. On y trouve aussi des hydrocarbures aromatiques polycycliques à durée de vie longue.
Ces particules fines résistent à l’aération des locaux et peuvent se remettre en suspension lors d’un mouvement. Elles sont particulièrement dangereuses pour les enfants en bas âge qui rampent sur le sol, les inhalent ou les ingèrent en suçant leurs doigts. Respirant plus vite que les adultes, ils inhalent deux fois plus de particules, compte tenu de leur petite taille, et y sont plus sensibles car leur système respiratoire n’est pas encore mature. Pour le Pr Winickoff, pédiatre à la Harvard Medical School, le petit enfant pourrait inhaler des doses 20 fois plus élevées qu’un adulte.
Même à l’extérieur, les enfants sont exposés !
Un article du JDD a présenté les résultats d’une étude d’Airparif, soutenue par le CNRS et l’Observatoire atmosphérique Generali, sur la pollution de l’air extérieur par les particules fines.
Les mèches de cheveux d’une série de 38 enfants de 2 à 11 ans et habitant soit à Paris soit à l’île d’Yeu, ont été analysées. Sachant qu’un cheveu pousse de 1 cm par mois, son analyse permet de retracer l’exposition à un produit dans la durée et d’en préciser le moment. On a recherché la présence d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), particules fines carbonées organiques issues des gaz d’échappement des voitures, des fumées industrielles, des émanations des chauffages domestiques et aussi de la fumée de tabac. Pour affiner l’analyse, la cotinine, métabolite principal du tabac, a également été recherchée.
Cette étude a confirmé que les enfants parisiens étaient bien victimes de la pollution extérieure, mais qu’ils étaient aussi des fumeurs passifs. Ceux qui vivaient dans un milieu familial pourtant non-fumeur avaient des taux de cotinine dans leurs cheveux deux fois plus élevés que les enfants de non-fumeurs de l’île d’Yeu.
Les études visant à démontrer le tabagisme passif même en extérieur a poussé de nombreux pays à légiférer pour des espaces sans tabac. En France, le décret n° 2015-768 du 29 juin 2015 relatif à l’interdiction de fumer dans les aires collectives de jeux a été publié le 30 juin 2015. Cette interdiction a un deuxième but : celui de dénormaliser l’image du tabac au- près des jeunes.
- Cancer en France : les femmes sont sur la mauvaise penteAlors que le nombre de cancers en France est actuellement plus élevé chez les hommes (245 610 nouveaux cas estimés en 2023, contre 187 526 chez les femmes), les tendances…
- Interdiction du filtre de cigarette : certains pays de l’Union Européenne y pensent déjà.Les militants de la santé et de l’environnement ont appelé à l’interdiction des filtres à cigarettes en Europe, affirmant que cela aiderait à lutter contre la pollution et à empêcher…
- Formation des professionnels de santé au sevrage tabagiqueParmi les actions prioritaires du Programme national de lutte contre le tabac (PNLT 2018-2022), on retrouve en neuvième position, le besoin de « former et de soutenir les professionnels de…