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Comment est fabriquée une cigarette ?

par Céline Fournier

A l’occasion du mois sans tabac, DNF en collaboration avec l’Alliance contre le tabac dans le cadre d’un financement par le Fonds de lutte contre les addictions, publie une série d’articles et de vidéos afin d’informer sur le processus de fabrication du tabac. Les produits du tabac, en plus de nuire à la santé humaine, ont un impact considérable sur l’environnement du début à la fin de sa chaine, de la production jusqu’à son état de déchet. 
Vous avez découvert les principales étapes pour la culture du tabac dans un précédent article.  L’article suivant détaille la transformation de ces feuilles séchées en cigarettes. Ce processus comporte plusieurs étapes : tranchage des balles, sauçage, hachage, séchage et aromatisation des mélanges.


En fabrique, les balles de feuilles deviennent du tabac à fumer de cigarettes 

Les feuilles qui peuvent avoir été stockées et vieillies dans un premier temps sont rassemblées en balles constituées d’un seul même étage foliaire sur les 4 que compte la tige du plant de tabac. Selon les pays, ces balles pèsent de 30 à 200 kg. A l’arrivée à l’usine de transformation, chaque balle reçoit un « grade usine » qui est un niveau de qualité, on dénombre 30 grades par variété et 150 en tout. Des pré mélanges, qui peuvent peser plus d’une tonne, vont être constitués selon le produit final désiré. Ce sont des « tranches » ou unités de production. Après avoir été vérifiées en passant sur un tapis d’introduction (« picking d’introduction ») , les tranches vont être pré humidifiées sous vide pour rendre les feuilles plus souples et pouvoir les ouvrir pour les travailler. Elles passent sur un autre tapis et subissent un nouveau picking.

Les feuilles sont séparées manuellement pour retirer les corps étrangers et écarter les feuilles qui ne correspondraient pas au mélange désiré, du fait de leur qualité ou de leur couleur.

Elles vont ensuite être introduites dans une batteuse où des peignes rotatifs vont séparer le limbe de sa tige et des grosses nervures. Des séparateurs pneumatiques vont répartir les produits obtenus en trois catégories : la matière noble, c’est le parenchyme ou tissu foliaire, qu’on appelle « strips », et les sous-produits : « scraps » qui sont de fines particules et tiges. Les « strips » subissent plusieurs transformations : chauffage, séchage, ré humidification puis réchauffement. Ils sont pressés et conditionnés.

 Les « scraps » et les côtes sont séchés et stockés, ils seront revalorisés, les scraps pour faire du tabac reconstitué et les côtes expansées introduites directement dans les mélanges. Des contrôles de qualité sont effectués à chaque étape dont celui des taux de sucres naturels, d’alcaloïdes et de chlore.

En France, cette première étape est effectuée dans les usines de Sarlat chez les producteurs de tabac (France Tabac). Mais chez la plupart des industriels, toutes les étapes se font dans la même usine et le premier sauçage qui va donner à la cigarette son goût particulier intervient après ré humidification.

Le sauçage où comment donner bon goût à la cigarette

Le sauçage consiste à ajouter l’ensemble des additifs incorporés à différentes étapes de la fabrication, avant ou après séchage, pour bonifier le tabac, selon l’expression des fabricants. 600 additifs ou plus peuvent être utilisés selon les pays et leur réglementation, ce qui explique qu’une même marque aura des caractéristiques différentes selon les pays dans lesquelles elle est vendue.

La liste des additifs, incluse depuis 2005 dans le dispositif européen REACH, plan de protection contre les substances chimiques nocives pour l’homme et l’environnement, doit être fournie à chaque pays, par les fabricants.

Pour ce premier sauçage deux techniques différentes sont employées en fonction du type de tabac : le « casing » et le « toasting ». Le casing consiste à ajouter les sucres et autres exhausteurs de goût, les agents de texture et autres additifs chimiques, mais le Burley qui a perdu ses sucres naturels lors du séchage va subir un traitement supplémentaire, le toasting, une cuisson à 150° C, pour lui donner son goût spécifique.
C’est ainsi qu’avec ces additifs, l’industrie va rendre le tabac addictif.  Cela permet aussi au fabricant de garder toujours le même goût malgré des arrivages différents, faciliter la fabrication, donner une belle couleur au tabac, contrôler la combustion, augmenter la vitesse de passage de la nicotine à travers les alvéoles pulmonaires, blanchir les cendres, développer des arômes agréables dans le paquet, prolonger la durée de conservation. Au total, chaque fabricant va pouvoir ainsi conférer les caractéristiques spécifiques de la marque, rendre la cigarette plus attirante, gagner de nouveaux consommateurs, comme les jeunes, maintenir la dépendance … mais aussi utiliser du tabac de moindre qualité, donc moins cher.

Le hachage 

En sortant du battage, le mélange est prêt à devenir du scaferlati, c’est-à-dire les lanières de tabac avec lesquelles on va composer les cigarettes. Le tabac est pressé dans un dispositif de compactage et haché par des couteaux montés sur un tambour rotatif, qui découpent dans les feuilles à chaque passage, de fines lamelles de quelques dizaines de millimètres qui seront ensuite séchées jusqu’à atteindre le taux d’humidité requis, entre 13 et 16%. Le tabac haché va ensuite reposer dans des silos pour homogénéiser l’humidité et l’arôme.

Flavorisation :

Le tabac haché est pulvérisé de façon homogène dans un cylindre de sauçage par des gicleurs qui dispensent les agents de saveur qui caractérisent la marque désirée, que ce soit des extraits de fruits, des épices, du menthol jusqu’à son interdiction, (… ). Seul le tabac blond subit cette flavorisation qui est inexistante pour le tabac brun. Le scaferlati est ensuite conservé dans des locaux spéciaux. Un kilo de tabac permet de fabriquer environ 1.200 cigarettes.

Les mélanges :

Ils comportent du tabac de base, aromatique, provenant de 20 à 40 crus différents et du tabac de remplissage, neutre. Pour répondre aux goûts des fumeurs, différents styles de cigarette sont fabriqués. Les mélanges dits américains sont composés de Virginie, de Burley et de tabac d’Orient avec 20% ou plus de tabac de remplissage (reconstitué et expansé). Les mélanges européens renferment les mêmes types de tabac, mais moins de tabac de remplissage. Comme les Américains, ils sont saucés et aromatisés artificiellement. Les tabacs anglais sont constitués essentiellement de tabac de Virginie et le mélange français de tabac brun fermenté et d’Orient. Ces deux derniers sont peu saucés et aromatisés.

Totalement automatisé, la fabrication des cigarettes peut débuter.  Une machine produit le tabac, puis le pose. Le papier est enroulé autour du tabac et le filtre est rajouté. Jusqu’à 20 000 cigarettes par minute peuvent être produites. « Les cigarettes sont ensuite conditionnées en paquets avec, en France, une obligation de 20 unités minimum. »             

A l’échelle mondiale, 6 250 milliards de cigarettes sont manufacturées.

Le filtre : un jeu de dupe ?

Le filtre pose 2 sérieux problèmes :

Il est fait en acétate de cellulose qui est une matière plastique. 4,5 milliards de mégots se retrouvent dans la nature chaque année, intoxiquant la faune et la flore.  Pour rappel, un filtre pollue près de 500 litres d’eau. Il est l’un des premiers polluants des océans.
Son traitement est particulièrement difficile et pose de nombreux problèmes notamment aux collectivités.
Le mégot, selon l’endroit où il est jeté, peut mettre de 1 à 12 ans à se dégrader. Un véritable fléau environnemental.

L’autre problème du filtre, et largement peu connu des fumeurs, c’est qu’il n’a jamais empêché les cancers ou les maladies cardiovasculaires ou respiratoires. Il ne sert finalement qu’à donner un faux sentiment de sécurité car il provoque une inhalation plus profonde et plus dangereuse pour la santé et la dépendance.

Son interdiction est en cours de réflexion dans plusieurs pays du monde lien.



Si vous souhaitez en savoir plus sur le processus de fabrication d’une cigarette, la chronique du docteur mesny édité par DNF vous permettra de mieux comprendre les différentes étapes. Chronique_Dr_Mesny-21.pdf (dnf.asso.fr)

Sources

La chronique n*21 du Docteur Mesny – DNF

PMI

https://tobaccotactics.org/article/tobacco-and-the-environment/

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