Ne pouvez-vous pas luter contre la prolifération de fumeurs dans les films et séries modernes. C’est incroyable cette recrudescence. Le lobby des cigarettiers finance-t-il le cinéma ?
Réponse
Oui, le placement de produits par les fabricants de tabac est une réalité et plusieurs reportages, notamment « cash investigation« , en ont apporté la preuve. Oui, certains grands artistes ont signé des contrats très rémunératifs avec des fabricants de tabac pour fumer un certain nombre de cigarettes au cours d’un film.
Alors, effectivement, nous sommes, à l’image de la Ligue Nationale Contre le Cancer, mobilisés pour tenter de faire évoluer la loi. Cependant, le monde de la culture, dont fait partie le cinéma, n’arrive à vivre qu’en étant aidé par l’Etat. L’abandon des subsides de l’industrie du tabac risquerait de peser fortement sur le budget du ministère de la culture. Ainsi a-t-on pu voir, le 18 novembre 2010, 205 députés déposer une proposition de loi, soutenue par un futur premier ministre, dans laquelle figurait notamment l’explication suivante :
La présente proposition de loi tend à adopter une approche plus souple afin de concilier les exigences de la loi du 10 janvier 1991 avec la protection de la culture.
À cet effet, il conviendrait d’écarter l’interdiction édictée par la loi du 10 janvier 1991 dans certaines conditions résidant dans l’exception culturelle et l’absence de financement des industries du tabac.
L’exception culturelle aurait été codifiée si la surveillance active de DNF ne lui avait permis, avec l’aide de Claude Evin et le soutien de l’Alliance contre le tabac, de mener une campagne acharnée pour arriver à faire retirer cette proposition de loi.
Seul le courage politique, poussé par l »opinion publique, pourra renverser cette tendance, mais cela ne se fera pas sans difficultés. Il n’est pas, en effet, question de supprimer totalement le tabac de la vie artistique car il fait partie du quotidien des Français. Tout réside dans le fait de voir fumer dans des proportions et des circonstances qui ne soient pas inappropriées.