Les grandes avancées de la lutte contre le tabagisme

par Céline Fournier

La France a été l’un des premiers pays à légiférer contre le tabac et protéger les populations d’un fléau de santé publique notamment avec la loi Veil de 1976 puis la loi Evin en 1991. Cependant, il faudra attendre les années 2000 pour voir une réelle ambition à freiner la prévalence tabagique sous l’impulsion de Jacques Chirac.
2017 marque un tournant avec le premier plan très ambitieux pour réduire le nombre de fumeur en France, accompagné par des mesures fortes comme le paquet générique (la France devient alors l’un des premiers pays à passer le cap) ou l’annonce d’un paquet à 10 euros …

2002, la Guerre au tabac est déclarée

Il aura fallu attendre 2002 pour que Jacques Chirac lance « la guerre au tabac » dans le cadre du Plan Cancer.
Les effets des mesures prises dans ce plan auront permis des hausses de prix fortes et répétées (+ 42 % entre 2002 et 2004) avec notamment l’interdiction de vente des paquets de moins de 10 cigarettes pour détourner les jeunes, puis le décret qui, en 2006, rendait enfin applicable la protection (codifiée depuis 1991) des lieux accueillant du public.

Les premiers résultats de ces hausses répétées de prix, en 2003 et 2004, n’ont pas tardé à se faire sentir avec 1 million de fumeurs en moins en 2 ans. Cependant, pour freiner la contestation des buralistes, le gouvernement a décidé de geler les prix du tabac durant 3 ans. Dans le quinquennat suivant, la pratique de hausses minimes n’a eu pour résultat que d’annuler les effets du gouvernement précédent. En lançant cette « guerre au tabac », Jacques Chirac a permis de mettre en lumière la première cause de mortalité évitable en France. Si la prise de conscience a été massive, la mollesse de la politique de taxation qui a suivi sous le gouvernement suivant n’a pas permis de renouer avec une baisse de la prévalence tabagique. Loin de là, celle-ci a même augmenté entre 2005 et 2010, comme quoi, rien n’est jamais acquis… Un relâchement dans les politiques de santé publique peut-être lourd de conséquences.


le Plan National de réduction du tabagisme : se donner les moyens des ambitions.


2014 signe le retour d’un plan ambitieux avec pour objectif une baisse de 10% du nombre de fumeurs en 5 ans articulée, autour de trois axes d’intervention :
– Protéger les jeunes et éviter l’entrée dans le tabac ;
– Aider les fumeurs à s’arrêter ;
– Agir sur l’économie du tabac.

Marisol Touraine, alors ministre de la santé, plaide pour des augmentations régulières des prix du tabac et introduit la notion de la première génération sans tabac.
Notre association, pleinement investie, travaille alors avec ses partenaires de l’Alliance Contre le Tabac (ACT) et le CNCT pour imposer le paquet neutre faisant ainsi de la France le second pays à restreindre la communication des fabricants sur les paquets de cigarettes.

En 2017, le paquet de cigarettes à 10 euros à l’horizon 2020 est une promesse de campagne et le premier mois sans tabac recense une très forte participation avec une efficacité intéressante qui permettra de pérenniser le dispositif.

Le Fonds de prévention, qui aurait été oublié sans la pression exercée pendant un an sur les instances gouvernementales par DNF accompagnée du CNCT, est également mis en place pour financer les actions de lutte contre le tabagisme et notamment les associations comme DNF.


Le Plan National de Lutte Contre le tabagisme en 2018 traduit la volonté forte d’en finir avec le tabac.

L’objectif porté par la ministre est d’ici 2020, d’abaisser à moins de 24 % la part des fumeurs quotidiens chez les 18-75 ans, de l’abaisser, d’ici 2022, à moins de 22 % et à 16% en 2027. Ainsi, en 2032, les mesures du plan devraient permettre aux enfants nés depuis 2014 de devenir la première génération d’adultes non-fumeurs (<5% de fumeurs).

Une baisse durable des fumeurs quotidiens

La baisse de la prévalence tabagique observée entre 2016 et 2017, d’une ampleur inédite, s’est poursuivie en 2018 et 2019. Les hommes restent davantage fumeurs que les femmes, mais sur le long terme l’écart a considérablement diminué et le tabagisme féminin reste particulièrement préoccupant. Même si la diminution récente de la consommation de tabac touche toutes les populations, il n’en reste pas moins que le tabagisme est un marqueur d’inégalités sociales.

En effet, en 2018, la proportion de fumeurs quotidiens était de 29,5% parmi les personnes sans diplôme contre 19,4% chez celles ayant un diplôme supérieur au bac. Les dernières données du baromètre santé de Santé Publique France (référence en la matière) sont donc très encourageantes avec une baisse de la prévalence qualifiée d’historique.

32% des personnes de 18-75 ans résidant en France métropolitaine déclaraient fumer et 25,4% quotidiennement avec une baisse de la consommation moyenne par jour (13 cigarettes par jour ). Certes, c’est toujours trop mais à l’aube de l’échéance du paquet à 10 euros, tout laisse penser que l’objectif 2020 du PNLT

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